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Fermeture de la vanne de protoxyde d’azote : une décision collective pour une santé plus durable

mercredi 9 juillet 2025

Depuis avril 2025, le Centre Hospitalier de Mâcon a franchi une nouvelle étape dans son engagement en faveur de la transition écologique en santé : la fermeture définitive de la vanne d’alimentation centrale en protoxyde d’azote (N₂O). Ce gaz, encore couramment utilisé pour ses propriétés anesthésiques et analgésiques, est aussi un puissant gaz à effet de serre, 273 fois plus réchauffant que le dioxyde de carbone sur un horizon de 100 ans. Sa contribution à l’empreinte environnementale des soins est désormais bien documentée. Retour sur une démarche engagée, collaborative, et porteuse d’avenir.

Un contexte scientifique et réglementaire en évolution

Le protoxyde d’azote, longtemps incontournable au bloc opératoire et dans certaines pratiques de soins comme l’utilisation du MEOPA (Mélange Équimolaire d’Oxygène et de Protoxyde d’Azote), est aujourd’hui remis en question au regard de son impact écologique. En effet, ce gaz possède une durée de vie atmosphérique de plus de 100 ans et participe également à la destruction de la couche d’ozone.

Les sociétés savantes telles que la SFAR (Société Française d’Anesthésie-Réanimation), le CERES, l’ANSM et le HCSP ont émis des recommandations récentes encourageant les établissements à réduire, voire stopper, l’utilisation du protoxyde d’azote mural. Les enjeux de cette démarche sont doubles : d’une part, limiter les fuites chroniques sur les réseaux d’alimentation – souvent invisibles mais considérables –, et d’autre part, repenser les pratiques anesthésiques et antalgiques pour les rendre plus responsables.

Une décision collective et structurée

La fermeture de la vanne au CH de Mâcon n’est pas un geste isolé ou imposé, mais l’aboutissement d’un travail en équipe pluridisciplinaire. Cette décision a été préparée en amont en concertation avec les anesthésistes, les infirmier·es anesthésistes, les services biomédicaux, les ingénieur·es travaux, les cadres de santé, la pharmacie hospitalière, la direction des services techniques et la direction de la transition écologique en santé.

Un état des lieux des usages, des équipements, des fuites potentielles et des alternatives disponibles a d’abord été réalisé. Les pratiques ont été réévaluées : le recours au protoxyde en anesthésie générale est devenu marginal grâce à l’usage croissant des agents intraveineux. Dans les services hors bloc, notamment en pédiatrie, en maternité ou pour les soins douloureux, l’utilisation du MEOPA reste possible en bouteille mais demande à être optimisée.

Ce changement a aussi été accompagné par une communication interne claire et pédagogique, permettant à chaque professionnel de comprendre les raisons de cette décision, ses implications et les nouvelles pratiques associées.

Vanne protoxyde d'azote fermée  

Vers une alternative plus sûre et plus écologique

La fermeture de l’alimentation centrale ne signifie pas l’arrêt complet de l’usage du N₂O. En effet, le CH de Mâcon poursuit l’utilisation du MEOPA en bouteille dans certains services, mais avec une nouvelle ambition : généraliser l’utilisation d’une valve à la demande. Ce dispositif, en coupant automatiquement le débit du gaz lorsque le patient ne respire pas activement, permet de réduire de 50 à 80 % les pertes de gaz, tout en assurant une meilleure ergonomie pour le soignant et une sécurité d’administration accrue.

Un projet pilote est en cours d’expérimentation dans les services concernés, avec l’accompagnement de la pharmacie et des soignants utilisateurs. À terme, cette solution devrait permettre de réduire significativement la consommation globale de protoxyde d’azote, tout en maintenant une qualité de soin optimale.

Une dynamique à poursuivre

Cette initiative s’inscrit dans une stratégie plus large de réduction de l’empreinte environnementale des soins. Le CH de Mâcon, engagé depuis 2023 dans une démarche de transition écologique en santé, multiplie les actions sur plusieurs fronts : éco-conception des soins, maîtrise de l’énergie, mobilité durable, achats responsables et économie circulaire ou encore tri des déchets et santé environnementale.

La fermeture de la vanne de protoxyde d’azote est ainsi un exemple concret de changement systémique rendu possible par la collaboration entre acteurs de terrain et direction. Une démarche qui montre que des choix médicaux et techniques éclairés, conjugués à une volonté politique forte, peuvent allier santé, sécurité et écologie. Cette avancée a notamment été portée par Jean-Baptiste Swiadek, coordonnateur Transition Écologique en Santé (TES), dont l’implication a joué un rôle clé dans la mise en œuvre de cette action.